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bravoure, ils donnèrent au moins un témoignage de leur fidélité. Pendant tout le courant de l’été, leurs princes, leurs mourzas, leurs anciens ne cessèrent de visiter Moscou ; invités à manger au Palais, ils recevaient, en présent, des pelisses, des étoffes, des armes, des chevaux et de l’argent, louaient la bonté du tzar et se glorifiaient de leur nouvelle patrie. Le monarque répandait l’or et l’argent à pleines mains, ne ménageant pas le trésor lorsqu’il s’agissait de l’exécution de ses vastes projets. Satisfait des succès des voïévodes, il envoya à Schig-Alei un grand nombre de médailles d’or, pour être distribuées à l’armée.

Terreur des Kazanais. Cependant la terreur et la confusion régnaient à Kazan, dont la garnison se montait, tout au plus, à vingt mille guerriers. Ses propres habitans la trahissaient, et les princes, les mourzas se rendaient secrètement auprès de Schig-Alei, tandis que les Russes dévastaient les villages les plus voisins et interceptaient les communications avec cette ville. Leurs détachemens occupaient toutes les positions depuis l’embouchure de la Soura jusqu’à la Kama et la Viatka. Le trône de Kazan était occupé par un enfant encore privé de l’organe de la parole, incapable de sentir le danger de sa position ; la tzarine douairière pleurait sur le sort de son fils, ou passait sa vie dans les plaisirs avec