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fendue. Aussitôt qu’il s’en fut rendu maître, le khan la détruisit de fond en comble, emmena en Crimée une partie de sa population et se considéra comme souverain légitime des Nogaïs, issue de même race que lui. C’est dans ce sens qu’il écrivait à Jean, disant que les Kabardiniens et les Kaïtaks montagnards lui payaient un tribut : glorieux de sa puissance il s’exprimait ainsi : « Maintenant que te voilà parvenu à l’âge de raison, il faut déclarer franchement ce que tu désire. Veux-tu mon amitié ou du sang ? Si le premier parti te semble préférable, ne va pas m’envoyer des bagatelles, mais bien des présens considérables, ainsi que fait le roi qui, chaque année, me donne quinze mille ducats. Si tu te décides à la guerre, je suis prêt à marcher sur Moscou, et bientôt ton pays sera foulé sous les pieds de mes chevaux. » Le tzar savait que des présens ne suffiraient pas pour faire abandonner à Sahib-Ghireï la cause des Kazanais, et que la guerre contre le tzar Safa-Ghireï devait nécessairement entraîner une rupture ouverte avec la Crimée ; les menaces du khan ne lui inspirèrent donc qu’un profond mépris. Ayant appris que l’ambassadeur envoyé par Sahib se faisait servir dans son pays par des marchands moscovites qu’il traitait en