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Le prince Kholmsky, les Pskoviens, et Jean lui-même se préparaient à cerner Novgorod ; il ne restait plus à ses habitans qu’un instant pour la réflexion. Enfin les magistrats et les citoyens proposèrent unanimement à l’archevêque Théophile de devenir médiateur entre eux et le grand prince. Ce sage religieux, accompagné d’un grand nombre de possadniks, d’officiers militaires et des notables des cinq quartiers de la ville, se rendit, par le lac Ilmen, à l’embouchure de la Chélone, dans le camp des Moscovites. Ils n’osèrent pas d’abord paraître devant le monarque, et se firent auparavant introduire chez ses boyards, dont ils implorèrent les bons offices. Ceux-ci s’adressèrent aux frères de Jean, et ces derniers à Jean lui-même, qui donna audience, quelques jours après, aux ambassadeurs. Théophile, suivi des ecclésiastiques et des magistrats novgorodiens les plus distingués, entra dans la tente du grand prince : tous, dans le plus morne silence et les yeux baignés de larmes, tombèrent alors le visage contre terre devant le souverain, entouré de ses boyards, et dont le regard était terrible et menaçant. « Seigneur grand prince, lui dit Théophile, daignez mettre un terme à votre colère, pardonnez à des criminels ; et si vous êtes sourd à nos prières, écoutez du moins