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Analogie entre Jean et Pierre Ier. deux ils furent grands sans doute ; mais en faisant entrer la Russie dans le système politique de l’Europe, Jean ne songea jamais à introduire de nouvelles coutumes dans son pays, ni à changer le caractère national de ses sujets. Nous ne voyons pas non plus qu’il ait taché d’éclairer les esprits ; car en appelant auprès de lui des artistes pour embellir sa capitale, pour hâter les progrès de l’art militaire, il n’avait d’autre but que de briller par la magnificence et d’augmenter la force de son empire. Sans défendre l’entrée de la Russie aux autres étrangers, il n’y recevait que ceux dont il pouvait mettre les talens à profit dans les affaires diplomatiques ou commerciales ; et s’il se plaisait à les honorer de sa bienveillance, c’était toujours d’une manière convenable à un grand monarque, d’une manière honorable et non pas humiliante pour sa propre nation. Ce n’est pas ici, mais plutôt dans l’histoire de Pierre-le-Grand, qu’il faudrait décider lequel de ces deux souverains sut agir avec le plus de prudence, plus conformément aux véritables intérêts de la patrie. — Parmi les étrangers qui avaient alors cherché un asile à Moscou, et y avaient pris du service, il faut remarquer Gouï-Gourzis, prince de Taman, victime de la violence du sultan, et Skaria, juif de Caffa. Jean, par des patentes mu-