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Les annalistes mettent au nombre des événemens déplorables de ce temps, le refus du vertueux, du zélé pasteur Théodose, d’occuper plus long-temps la métropole. La cause de cette renonciation est remarquable : l’idée que le monde allait finir, augmentait, dans tous les cœurs, le sentiment de la dévotion, au point qu’on voyait sans cesse s’élever de nouveaux temples, et que tout homme riche voulait avoir son église à lui. Des milliers d’oisifs se faisaient diacres et prêtres, scandalisant le peuple, non-seulement par leur grossière ignorance, mais encore par un genre de vie dissolu. Afin d’arrêter ce mal, le métropolitain les rassemblait toutes les semaines, leur prodiguait ses instructions, et inscrivait au nombre des moines ceux d’entre eux qui étaient devenus veufs ; quant à ceux dont la vie était déréglée, il les privait de leur caractère sacré, et les punissait sans pitié. Plusieurs églises étant restées sans pasteurs par suite de ces châtimens, on murmura contre Théodose, qui, moins ferme que sévère, renonça à l’administration de la métropole. Le grand prince convoqua à Moscou ses frères, tous les évêques, le haut clergé, Élection d’un nouveau metropolitain. qui élurent unanimement pour métropolitain, Philippe, évêque de Souzdal ; Théodose se rendit dans le monastère de Tchoudof, où il s’enferma