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1565. bon plaisir ; ils lui demandèrent enfin d’accepter les hommages que les boyards venaient rendre à leur souverain. Alors on fit entrer ceux-ci qui, pénétrés d’une semblable émotion, employèrent la même énergie pour conjurer le tzar d’avoir pitié de la Russie, agrandie par ses victoires, ses sages institutions, célèbre par la valeur de ses peuples nombreux, riche des trésors de la nature, plus illustre encore par sa piété. Les dignitaires ecclésiastiques et civils lui disaient à la fois : « Si vous méprisez les grandeurs et les vanités de ce monde, souvenez-vous au moins qu’en quittant Moscou, vous abandonnez ces temples sacrés où se sont accomplis sur vous les miracles de la gloire divine ; où reposent les reliques des Saints : n’oubliez pas que vous êtes non-seulement le pasteur de l’État, mais encore celui de l’Église, le premier monarque de l’orthodoxie ! Si vous vous éloignez, qui conservera la vérité et la pureté de notre religion ? Qui sauvera des millions d’âmes de la damnation éternelle ? » Le tzar leur répondit avec son abondance accoutumée. Il répéta aux boyards ses reproches ordinaires sur leur insubordination, leur négligence, leur esprit de révolte ; après quelques citations historiques, il démontra que, de tout