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crets, 1564. partisans de Kourbsky. La tristesse de leurs regards semblait lui cacher de perfides projets. Sa conscience coupable lui faisait interpréter leur silence même comme des menaces ou des reproches ; en un mot, il voulait des accusations et se plaignait d’en recevoir trop peu. Les délateurs les plus audacieux ne faisaient qu’irriter en lui la soif du sang ; cependant il semblait qu’une main invisible suspendît les effets de sa cruauté ; le tyran frémissait à l’aspect des victimes qu’il avait devant lui : il s’étonnait de les voir exister encore et ne cherchait qu’un prétexte à de nouvelles horreurs. Tout à coup, à l’entrée de l’hiver de 1564, le bruit se répand dans Moscou que, sans faire connaître le but de son voyage, le tzar allait partir, accompagné de sa famille, de ses gentilshommes, de ses gens de robe et de guerre, convoqués à cet effet des villes les plus éloignées, avec leurs femmes et leurs enfans (5). Le 3 décembre on voit arriver, de grand matin, sur la place du Kremlin, quantité de traîneaux dans lesquels on transporte aussitôt de l’or, de l’argent, des images, des croix, des vases précieux, des vêtemens, de la monnaie, etc. Le tzar se rend à l’église de l’Assomption, où il était attendu par le clergé et les boyards ; il ordonne au métropoli-