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1564. d’un jour à l’autre, un nouveau traité du khan : car celui-ci lui avait promis paix et alliance. En effet l’acte était préparé, et déjà Nagoï, ambassadeur russe, se disposait à quitter la Tauride, lorsque l’or de Sigismond vint tout changer. Aussitôt Devlet-Ghireï se précipite sur la Russie qu’il supposait sans défense, le roi lui ayant écrit que Jean se trouvait, avec toutes ses troupes, sur les frontières de la Livonie. Il est vrai que, trompé par les assurances amicales du khan, le tzar avait licencié l’armée d’Ukraine, de sorte que Rezan, assiégée par Devlet-Ghireï, n’avait pour résister à ses attaques que le courage de ses propres citoyens. Cette ville dut son salut à l’héroïsme du boyard Alexis Basmanof et de son fils Féodor, favoris de Jean, qui se trouvaient alors dans leurs riches domaines, sur les rives de l’Oka. Les premiers, ils donnèrent avis de l’invasion de l’ennemi, prirent les armes, et, à la tête de leurs gens, mirent en déroute plusieurs détachemens tatars : ensuite ils se jetèrent dans Rezan, dont les antiques murailles tombaient en ruines, mais où leur zèle, leur intrépidité, secondée par les exhortations de l’évêque Philotée, enflammèrent les habitans d’un courage extraordinaire. Le jour, la nuit, les Tatars tentaient de continuels autant qu’inutiles