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1564. roi est l’esclave des esclaves ; est-il donc étonnant qu’il soit loué par des esclaves ? Mais je me tais, car Salomon défend de perdre ses paroles avec des insensés et je te considère comme tel. Écrit dans notre résidence de Moscou, en grande Russie, le 5 du mois de juillet, l’an du monde 7,072. »

Cette lettre, remplie de citations de l’ancien et du nouveau Testament, de témoignages historiques, d’interprétations théologiques et d’ironies grossières, forme un livre entier dans l’original. Kourbsky y répondit avec mépris, reprochant au tzar l’oubli de la dignité souveraine qu’il ravalait par des propos injurieux, par un mélange indécent de la parole divine avec un tissu de mensonges et de calomnies : « Je suis innocent et je gémis dans l’exil, lui écrivit-il ; les gens vertueux seuls plaignent mon sort, ainsi je n’ai rien à espérer de toi : attendons ! le temps de la vérité n’est pas éloigné. »

Jusqu’ici nous n’avons à reprocher au fugitif que l’âpreté de ses plaintes, et le sacrifice d’un bon, d’un fidèle serviteur au plaisir de la vengeance, à la satisfaction de tourmenter son tyran par un langage hardi : au moins rien ne nous le montre encore comme criminel d’État, car nous ne pouvons ajouter foi à l’accusation qui lui