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1560 — 1561. le tzar ait daigné lui accorder son pardon, En un mot, il n existe point en Europe de sujets plus dévoués à leur souverain que les Russes. Ils le craignent et le chérissent à la fois. Toujours prêt à écouter leurs plaintes, à en détruire les causes, Jean voit tout, décide tout par lui-même ; il ne redoute point l’ennui inséparable des affaires ; peu sensible au divertissement de la chasse, aux charmes de la musique, deux pensées l’absorbent uniquement : servir Dieu, et terrasser les ennemis de la Russie (1). »

Peut-on comprendre par quelle fatalité, un monarque chéri, adoré, a pu, d’un si haut degré de vertu, de splendeur et de gloire, se précipiter dans les horreurs de la tyrannie ? C’est malheureusement une cruelle vérité ! Les preuves du bien et du mal sont également authentiques et également irrécusables ; il ne nous reste qu’à présenter, dans toutes ses phases, cet inexplicable phénomène.

Ce n’est point à l’histoire à décider la question relative au libre arbitre des humains ; mais, dans le jugement qu’elle porte sur les actions et les caractères, en supposant l’existence de cette faculté, elle explique les unes et les autres, d’abord par les dispositions naturelles des hommes, ensuite par les circonstances ou par la puissance