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1564. boyards compagnons de tes festins et de tes débauches, corrupteurs de ton âme, t’apportent leurs enfans en sacrifice ; toutefois ils ne te rendront pas immortel.

» Cette lettre, arrosée de mes larmes, sera déposée dans ma tombe ; je paraîtrai avec elle au jugement de Dieu. Amen ! Écrit dans la ville de Volmar, domaine du roi Sigismond, mon souverain, de qui, avec l’aide du Tout-Puissant, j’espère les bontés et j’attends des consolations dans ma douleur. »

Jean ayant écouté la lecture de cette lettre fit donner la question à celui qui l’avait apportée, afin d’obtenir l’aveu de toutes les circonstances de la fuite de Kourbsky, de découvrir ses liaisons secrètes et le nom de ses partisans. Le vertueux Schibanof, dont le nom appartient à l’histoire, ne dévoila rien ; au milieu des tortures, il faisait l’éloge de son maître et se trouvait heureux de mourir pour lui. Tant de grandeur d’âme, de fermeté, de zèle et d’attachement, excitèrent la surprise de tous les spectateurs ; le tzar lui-même en témoigna son admiration dans sa lettre à l’exilé ; car, agité par la colère, troublé par l’inquiétude de sa conscience, il répondit sur-le-champ à Kourbsky :

« Au nom de Dieu tout-puissant, écrit-il,