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moi ! 1564 Dans le trouble qui bouleverse mon cœur affligé, je dirai peu, mais avec l’accent de la vérité. Pourquoi, au milieu d’affreux supplices, as-tu déchiré les forts dans Israël, ces illustres guerriers que le ciel t’avait donnés ? Pourquoi as-tu versé leur sang précieux et sacré, dans les temples du Très-Haut ? N’étaient-ils pas enflammés de zèle pour leur souverain, pour leur patrie ? Habile à forger des calomnies, tu donnes aux fidèles le nom de traîtres, aux chrétiens celui d’enchanteurs ; à tes yeux les vertus sont des vices, la lumière n’est que ténèbres : et en quoi ces dignes protecteurs de la Russie t’avaient-ils offensé ? Ne sont-ils pas les héros qui ont détruit les royaumes de Bâti, où nos ancêtres gémissaient dans un cruel esclavage ? N’ont-ils pas couvert de gloire et ton règne et ton nom, en faisant tomber devant toi les forteteresses des Germains ? Quelle est la récompense de ces infortunés ? la mort !… Eh quoi ! te croiras-tu donc immortel ? N’est-il pas un Dieu et un tribunal suprême pour les rois ? Je ne détaillerai pas ici ce qu’il m’a fallu souffrir de tes cruautés ; mon âme en est encore trop fortement navrée ; je n’ai qu’une chose à dire : tu m’as contraint d’abandonner la sainte Rus-