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1564. ne pouvait concevoir la pensée de verser le sang de ses frères en religion. Cédant aux secrètes sollicitations de quelques seigneurs moldaves qui l’engageaient à les délivrer d’Étienne, leur indigne hospodar, il marcha avec une troupe de fidèles Cosaques à la conquête de nouveaux lauriers, et se trouva victime de la perfidie. Personne n’étant venu se ranger sous ses drapeaux, il fut fait prisonnier par Étienne, qui l’envoya à Constantinople, où le sultan lui fit trancher la tête.

Vichnevetsky avait été suivi en Pologne par les frères Tcherkasky, tous deux officiers distingués, menacés sans doute de la disgrâce du souverain. Il est des circonstances où la fuite ne peut pas être considérée comme une trahison ; où les lois civiles doivent céder à la puissance de la loi naturelle, qui autorise à fuir un persécuteur ; mais malheur au citoyen qui se venge sur sa patrie des injustices d’un tyran ! Trahison du prince André Kourbsky. C’est pour l’historien un pénible devoir que celui de ranger un homme illustre au nombre des criminels d’État ; toutefois il se doit à l’impartialité. Un jeune et brave voïévode, couvert, dès l’âge le plus tendre, de glorieuses blessures ; l’homme des combats, l’homme du conseil ; qui avait participé aux brillantes conquêtes de Jean ;