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de la ville de Lubeck, en déclarant que leur souverain avait le projet de représenter d’une manière convaincante à toutes les puissances de l’Europe, le danger du nouvel agrandissement de la Russie, pour les détourner du commerce avec elle. (Voyez Notice des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, etc., p. 92-96, à l’article : Legatio polonica.)

(43) Il aborda près du monastère de Saint-Nicolas, le 28 juillet 1568. Il y trouva vingt moines ignorans, mais hospitaliers. À Kholmogore, les Anglais avaient plusieurs maisons joliment bâties. La ville de Vologda, où Jean construisit une nouvelle forteresse en pierre, était renommée pour la richesse de ses marchands. De Vologda jusqu’à Moscou, Randolf trouva la route très-agréable ; il y voyait de fréquentes habitations, des champs et des prairies fertiles. Il raconte que d’Yaroslaf les Anglais allaient ordinairement par le Volga à Astrakhan, et qu’à cet effet ils avaient construit un grand vaisseau, tel qu’on n’en avait jamais vu jusqu’alors en Russie, et qui leur coûta plus de 100 marcs. Le 28 février on invita Randolf à la cour, en l’entendant prononcer le nom d’Élisabeth, Jean se leva et s’informa de l’état de la santé de cette reine. Le présent de la reine consistait en une grande coupe d’argent massif, ornée de ciselures et de diverses inscriptions. Le tzar, en congédiant Randolf, lui dit : « Des affaires importantes m’empêchent de dîner aujourd’hui avec mes hôtes ; mais je vous enverrai des mets de ma table. » Un dignitaire de marque parut immédiatement après à l’hôtel de l’ambassade, suivi de cinq domestiques de la cour qui portaient des plats ou vases d’argent, chargés de mets, de pain, de vins, etc. Ce dignitaire de la cour était obligé de goûter de chaque mets et de chaque boisson. Quelques jours après, pendant une nuit sombre et froide, on enjoignit à Randolf