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cette guerre et prisonnier chez les Turcs, on lit : « Le sultan se propose d’envoyer au printemps Bardi-Pacha avec une grande armée ; il veut aussi envoyer contre la Russie le khan de Crimée et Pilah-Pacha, son propre gendre, avec des forces formidables. Ceux-là ont été un mois en marche jusqu’à Azof ; le khan les ayant menés du côté de la Circassie par le chemin de Kabarda et par des lieux arides où ils manquaient d’eau.… Les Russes sont étonnés eux-mêmes, et ils appellent leur sultan Sélim, malheureux ; car depuis son avénement au trône, c’est pour la première fois qu’il ait fait marcher ses troupes.… Il nous est arrivé, disent-ils, de prendre part dans de grandes batailles, et jamais nous n’avons été aussi exténués de fatigues ; si des troupes étaient tombées sur nous, aucun de nous ne serait revenu. »

Cette description est plus digne de foi que les relations d’Oderborn (Vita J. B., p. 272) et de Strikovsky. Le premier fait monter le nombre des Turcs jusqu’à trois cent mille, ajoutant qu’ils se tenaient pendant l’hiver près d’Astrakhan et qu’ils poussèrent leur marche jusqu’à Kazan ; le prince Sérébrianoï, ajoute-t-il, ayant fait une sortie d’Astrakhan les mit en déroute ; les Turcs attendaient l’armée navale, retenue sur la mer Caspienne par des tempêtes ; les Russes, habitant les rives du Volga, firent couler à fond une grande quantité de vaisseaux turcs ; la famine et la peste détruisirent la plus grande partie de cette armée, dont le reste fut noyé dans la mer d’Azof, etc. Strikovsky rapporte que le nombre de la cavalerie turque était de vingt-cinq mille hommes, celui de l’infanterie de cinquante mille, celui des Tatars de quatre-vingt mille, avec cent cinquante vaisseaux ; que les Russes leur enlevèrent leurs navires à la Perevoloka, après avoir battu les Janis-