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1584. les grands desseins de son aïeul. Il aimait la justice dans les tribunaux, et souvent il examinait lui-même les procès, écoutait les parties, lisait tous les papiers, et décidait sur-le-champ. Les oppresseurs du peuple, les fonctionnaires iniques, les concussionnaires étaient punis par des peines corporelles et infamantes : couverts d’habits somptueux, il les faisait placer sur un char et promener de rue en rue par des bourreaux. Il défendait au peuple tout excès de vin. Seulement aux fêtes de Pâques et de Noël, il était permis aux Moscovites de se divertir dans les cabarets ; dans tout autre temps, les gens ivres étaient envoyés en prison. Jean n’aimait pas les reproches hardis, mais quelquefois il détestait une basse adulation ; nous allons en rapporter une preuve : les voïévodes princes Joseph Scherbatoï et Youry Boriatinsky, prisonniers en Pologne, rachetés par lui, comblés de ses faveurs, eurent l’honneur de dîner avec lui. Il leur fit diverses questions sur la Pologne : Scherbatoï disait la vérité, tandis que Boriatinsky avançait de grossiers mensonges, assurant que le roi n’avait ni troupes ni forteresses, et qu’il tremblait au seul nom du tzar. « Pauvre roi, dit Jean en secouant la tête, que je le plains ! » et tout-à-coup, saisissant sa canne, il la mit en