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1583. pas de leur mauvaise foi dans les affaires, et nous apportent des draps avariés. Quelques-uns d’entre eux entretiennent de secrètes intelligences avec les rois de Suède et de Danemarck, ennemis du tzar ; ils leur rendent des services, écrivent en Angleterre des horreurs contre les Russes, qu’ils traitent de barbares ignorans. Jean n’a pu oublier de si graves offenses que par respect pour la reine, et sans doute il ne peut entrer dans l’esprit de cette princesse de dicter des lois à un souverain qui jamais n’en a reçu ni des empereurs, ni des sultans, ni des plus illustres monarques. » Aussitôt l’ambassadeur répondit avec l’accent du dépit : « Il n’existe pas de souverain plus illustre qu’Élisabeth ; elle ne le cède en puissance ni à l’empereur, soudoyé par Henri VIII pour faire la guerre à la France, ni au tzar lui-même. » À ces mots, Jean, courroucé, fit sortir Bows du palais, ainsi que celui-ci le rapporte. Toutefois sa colère se dissipa bientôt, et, donnant des éloges au zèle avec lequel l’ambassadeur soutenait la gloire de sa souveraine, il ajouta : « Plût à Dieu que j’eusse moi-même un serviteur aussi fidèle ! » Pour témoignage de sa condescendance particulière, le tzar consentit à laisser aux Anglais seuls le droit d’entrer dans