Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/549

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1583. mes plus grands ennemis sont ses amis ? Il faut ou qu’Élisabeth engage Batory à conclure une paix solide avec la Russie, en le forçant à me restituer la Livonie et le territoire de Polotsk, ou bien qu’elle déclare, de concert avec moi, la guerre à la Pologne. » Bows répondit avec chaleur : « La reine me prendrait pour un insensé, si je consentais à un traité de cette nature. » Cependant il insistait pour obtenir, en faveur des Anglais, le privilége exclusif d’entrer dans les ports septentrionaux de l’Empire, ainsi que cela s’était pratiqué autrefois. Alors les boyards lui expliquèrent qu’à cette époque la Russie possédait le port de Narva, sur la Baltique, entrepôt du commerce général de l’Europe, tombé depuis au pouvoir des Suédois ; « maintenant, ajoutaient-ils, les ports du nord sont les seuls où les négocians d’Allemagne, de France et des Pays-Bas, trafiquent avec la Russie, et il est impossible de les en chasser pour complaire à Élisabeth. La plus sainte de toutes les lois est l’intérêt du peuple ; elle nous prescrit un libre négoce avec tous les Européens, et nous ne pouvons nous mettre sous la dépendance des Anglais, qui viennent pour commercer en Russie, et non pour y dominer. D’ailleurs, ils ne rougissent