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1563. khan, le tzar ne le traita pas de frère, et au lieu du mot supplication, comme le voulait l’ancien usage, on n’employa que celui de salut. Cependant, Nagoï, ambassadeur moscovite, eut ordre de déclarer sérieusement aux seigneurs de Crimée, que la disgrâce des Adascheff, des voïévodes Schérémétieff et du secrétaire Mikhaïloff avait pour unique motif la haine qu’ils portaient à Devlet-Ghireï. L’intelligence, l’adresse, et surtout les riches présens de l’envoyé produisirent les plus heureux effets : le khan conclut la paix, resta deux ans sans inquiéter la Russie et, pour preuve de l’intérêt qu’il portait à la fortune de Jean, il lui découvrit un secret d’une grande importance.

Nous avons vu que le redoutable Soliman ne regardait pas d’un œil tranquille les progrès de la grandeur moscovite et la ruine de plusieurs royaumes musulmans. Occupé de dangers plus rapprochés, plus pressans ; absorbé par des entreprises plus dignes de satisfaire son ambition, il avait différé jusqu’alors l’exécution de ses desseins. Projet du Sultan. Enfin, à l’instigation du célèbre proscrit Yarligasch, prince d’Astrakhan, il conçut le vaste projet de réunir le Don et le Volga par un canal ; de bâtir une forteresse sur la Pérévoloka (à l’endroit où ces deux fleuves se rappro-