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1583. dernier hymen, cherchait effectivement pour lui une illustre fiancée en Angleterre, afin de raffermir encore son alliance avec Élisabeth. Nous allons exposer avec quelques détails les circonstances de cette intéressante affaire.

Robert Jacobi, un des médecins de la cour d’Angleterre, arriva à Moscou dans l’été de 1581, porteur d’une lettre dans laquelle la reine écrivait au tzar : « Je vous cède, mon frère chéri, l’homme le plus habile dans l’art de guérir, bien qu’il me soit très-utile, mais parce qu’il vous est nécessaire ; vous pouvez en toute confiance lui abandonner votre santé. Je vous envoie avec lui des pharmaciens et des chirurgiens, expédiés de gré ou de force, quoique nous n’ayons pas nous-même un nombre suffisant de gens de cette espèce. » Dans son entrevue avec Robert, Jean lui demanda s’il se trouvait en Angleterre quelque personne veuve ou fille, digne de la main d’un souverain. « Je n’en connais qu’une seule, répondit le médecin ; c’est Marie Hastings, âgée de trente ans, fille du comte de Huntington, prince apanagé, et nièce de la reine par sa mère. » Il est probable que, devinant un dessein si favorable aux intérêts de l’Angleterre, Robert captiva l’imagination de Jean par la peinture des qua-