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1582. vérité, mais toujours à craindre ; il pouvait donc, en toute liberté, attaquer la Suède, abandonnée par ses alliés. Ses désirs et ses espérances avaient pour objet de réprimer cet audacieux ennemi, et de relever par des triomphes l’honneur des armes russes aux yeux de l’Europe. Le succès paraissait certain et facile. Non-seulement Batory livrait le roi de Suède à la vengeance du tzar, il le menaçait encore de lui déclarer la guerre au sujet de l’Esthonie. En réclamant cette province, il disait au roi : Vous avez profité de mes victoires pour vous approprier Narva et d’autres villes allemandes, propriétés de la Pologne. Ce qui est acheté, répondit le prince, au prix du sang de nos sujets est à nous : j’étais en campagne avant d’avoir vu vos étendards. Souvenez-vous que l’Europe entière tremblait jadis au seul nom des Goths, dont la puissance et la valeur sont devenus notre héritage. Nous ne craignons ni le glaive des Russes, ni celui des Transylvains. Cette fierté avait quelque chose de chevaleresque qui annonce une âme élevée ; toutefois elle pouvait avoir des suites funestes pour la Suède encore faible, encore agitée par le fanatisme de son souverain, partisan zélé de l’Église latine, ainsi que par l’inimitié qui existait entre lui et le