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du Kasgar et du Thibet, les voyageurs de Jean rapportent, dans leur intéressante relation, qu’une patente de la tzarine de Mongolie leur fit ouvrir les portes de fer de la muraille de la Chine ; mais que, parvenus jusqu’à la riche et populeuse ville de Pékin, il leur avait été impossible de voir l’empereur, n’ayant pas de présens à lui offrir de la part du tzar. Voilà les premières notions parvenues aux Russes relativement à la Chine : c’est à la rare intelligence, au courage, à la patience de deux cosaques, qu’ils eurent obligation de précieux et véridiques renseignemens sur ce pays ; car ces voyageurs surent résister aux fatigues, vaincre les dangers inséparables d’une route lointaine à travers des déserts inconnus, des montagnes et des hordes de barbares, que Marco-Paulo, célèbre voyageur vénitien, n’avait vus qu’en partie au treizième siècle.

Cependant la domination russe au-delà des monts de pierre était encore faible et mal assurée. Les tatars de Sibérie avaient, à la vérité, reconnu Jean pour chef suprême ; mais ils payaient mal leur tribut et ils inquiétaient même, par de fréquentes incursions, la Grande-Permie, frontière de la Russie. Occupé de guerres importantes et continuelles, le tzar n’avait pu