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1582. ni honte ; cela doit suffire. » Possevin s’entretenant avec les membres du conseil de divers usages russes qui paraissaient bizarres au reste de l’Europe, citait l’ouvrage de Herberstein sur la Russie, où il est dit que le tzar lavait sur-le-champ sa main, lorsqu’il l’avait donnée à baiser aux ambassadeurs d’Allemagne, comme s’il eût craint d’être souillé par leur attouchement. Les boyards répondirent qu’Herberstein, deux fois comblé de bienfaits à Moscou, était un ingrat, un calomniateur, qui avait écrit des absurdités sur le compte des souverains moscovites. Ils furent très-étonnés d’entendre Possevin leur raconter que Vassili, père de Jean IV, avait promis à l’empereur Charles-Quint trente mille hommes de guerre, si celui-ci voulait permettre à plusieurs artistes allemands de se rendre en Russie. « Les souverains, dirent les boyards, se fournissent réciproquement des hommes de guerre en vertu de traités ; mais jamais en échange d’artistes. »

Enfin, dans l’audience de congé, Jean adressa au jésuite de solennels remercîmens pour la part active qu’il avait prise à la conclusion de la trève ; il l’assura de son estime particulière ; puis se levant de sa place, il lui tendit la main, et le chargea de complimens pour Grégoire et le roi