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1582.
Entretiens de Jean avec l’ambassadeur de Rome.
Bientôt on vit paraître aussi dans la capitale le rusé jésuite Antoine Possevin. Il venait pour recevoir les remercîmens du tzar et chercher, au moyen de la bienveillance de ce prince, à atteindre le but de sa mission, en accomplissant le projet formé depuis long-temps par la cour de Rome, de réunir les diverses croyances et toutes les forces des royaumes chrétiens contre les Turcs. C’est ici que Jean déploya la souplesse naturelle de son esprit, son adresse, sa prudence, qualités auxquelles le jésuite lui-même fut obligé de rendre justice. Nous allons rapporter ces intéressans détails, tirés des mémoires de Possevin.

« J’ai trouvé, dit-il, le tzar plongé dans une profonde affliction : cette cour pompeuse, vêtue de lugubres habits, offrait l’aspect d’une humble retraite de religieux, et donnait l’idée du chagrin auquel l’âme du tzar était en proie ; mais les volontés du Très-Haut sont incompréhensibles ! la douleur même de ce prince, naguère si indomptable, l’avait disposé à la modération, lui avait inspiré la patience de m’écouter avec attention. » Antoine expliqua alors l’importance du service qu’il venait de rendre à la Russie, en lui procurant la paix, et, pour persuader Jean de la sincère amitié de Batory, il lui rapporta les paroles suivantes de ce