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1582. séton appliqué sur lui par le négociant Stroganof, habile dans l’art de la médecine. Il embrassa le malade, et, en témoignage de faveur particulière, il accorda à celui qui le traitait le privilége des hommes de marque, c’est-à-dire, d’ajouter à son nom de baptême celui de son père, avec la terminaison vitsch, ainsi que cela se pratiquait pour les plus illustres dignitaires de l’Empire. Médecin Stroganof. Ensuite il ordonna à Stroganof de poser le même jour les plus douloureux sétons sur la poitrine et les côtés du calomniateur Théodore Nagoï. Sans doute la calomnie est un délit grave ; mais ce raffinement, cette recherche dans les moyens de tourmenter les hommes, montrent-ils l’humilité d’un cœur abattu par l’affliction ? Dans les affaires de l’État, Jean se montre à nous avec son sang-froid, sa prudence, sa tranquillité ordinaire, qualités qui dans des circonstances aussi affreuses pour le cœur d’un père ne pouvaient naître que d’une étonnante grandeur d’âme ou de son insensibilité. Le 28 novembre, c’est-à-dire six jours après les funérailles de son fils, il donna audience à un courrier qui lui fit la relation du siége de Pskof. Pendant le cours des négociations, il en connaissait tous les détails et dirigeait ses plénipotentiaires. Au mois de février ceux-ci vinrent lui apporter le traité.