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1582. témoignages d’amour et de compassion, l’engageant à ne pas s’abandonner au désespoir. « Je meurs, lui disait-il, fils soumis et sujet fidèle. » Il expira quatre jours après (le 19 novembre), dans l’horrible repaire d’Alexandrovsky. Au milieu de ces murs où, pendant tant d’années, avait coulé le sang innocent, le tzar, baigné de celui de son fils, atterré, l’œil hagard, resta plusieurs jours assis auprès du cadavre de sa victime, sans prendre de nourriture, sans goûter un instant de sommeil ! Le 22 novembre, les dignitaires de la cour, les boyards, les princes vêtus d’habits de deuil, portèrent à Moscou les restes du tzarévitch. Jean suivit le cortége, à pied, jusqu’à l’église de Saint-Michel-Archange où il indiqua la place du tombeau parmi les sépultures de ses ancêtres. Les funérailles furent magnifiques et touchantes. On déplorait généralement le sort d’un jeune homme né pour le trône, qui aurait pu vivre pour le bonheur et la vertu, si son père, violant les lois de la nature, ne l’avait plongé dans la dépravation et dans la tombe ! L’humanité triomphait, en plaignant le tzar lui-même…. Dépouillé des marques de sa dignité, couvert de lugubres vêtemens, dans l’appareil enfin d’un pécheur désespéré, il poussait des cris déchirans et se frappait la tête contre