Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/450

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sance 1582. céleste vint s’y opposer, Dieu ayant choisi cette époque pour livrer au plus terrible des supplices, un cœur dans lequel la cruauté n’avait pas éteint les sentimens paternels.

Infanticide. Le tzar préparait à la Russie un autre lui-même dans la personne de Jean, son fils aîné, objet particulier de ses affections. Soit qu’il présidât au conseil ou qu’il parcourût l’Empire, il s’occupait avec lui des affaires de l’État ; mais il le prenait aussi pour compagnon de débauches et de meurtres, comme pour ôter à ce jeune prince les moyens de faire rougir son père, comme pour enlever à la Russie l’espoir d’être mieux gouvernée par l’héritier du trône. Sans être veuf, le tzarévitch avait alors pour troisième épouse, Hélène, de la famille des Schérémétief. Les deux premières, Marie Sabourof et Prascovie Salovoï, avaient été forcées de prendre le voile. Changeant de femme à son gré ou selon les caprices de son père, comme lui il changeait aussi de concubines, afin que la ressemblance fût plus complète entre eux. Toutefois ce prince dont l’éducation avait endurci le cœur d’une manière effrayante, qui était plongé dans la dissolution, déployait en même temps beaucoup d’esprit dans les affaires et paraissait sensible à la gloire ou plutôt à l’ignominie de sa patrie.