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1582. avec mesure, avec prudence ; ce projet avait occasionné à la Russie des pertes considérables en hommes et en argent : cependant ce prince, qui pouvait disposer d’une armée nationale presque aussi nombreuse que celle de Xerxès, abandonnait tout à coup l’honneur et les intérêts de la patrie aux restes épuisés de la troupe hétérogène commandée par Batory. C’était la première fois que la Russie concluait avec la Pologne un traité aussi désavantageux et presque déshonorant ; si elle conserva ses anciennes limites, la gloire tout entière en appartient à Pskof. Telle qu’une digue inébranlable, cette ville enleva à Batory la réputation d’invincible. Si elle fût tombée en son pouvoir, loin de se contenter de la Livonie, il n’aurait laissé à la Russie ni Smolensk, ni la Sévérie, et peut-être même, profitant de l’espèce de charme sous lequel Jean paraissait assoupi, se serait-il emparé de Novgorod. En effet, les contemporains attribuaient à une puissance magique l’inconcevable paralysie des forces de la Russie. Ils disent qu’effrayé par des visions et des miracles, n’ajoutant aucune confiance à ce que les rapports de ses voïévodes avaient de rassurant, le tzar n’attendait que des malheurs de la guerre contre Batory. L’apparition d’une comète avait, disait-on, pré-