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tûmes, 1581. les propriétés, seront respectées ; ma parole a force de loi. Mais malheur à vous, malheur à la population entière, au cas d’une opiniâtreté insensée !… » Comme les assiégés ne voulaient avoir aucune communication avec les ennemis, ce billet, attaché à une flèche, fut lancé dans la ville et la réponse des voïévodes arriva par le même moyen. « Nous ne sommes pas des juifs, disaient-ils, nous ne vendons ni le Christ, ni le tzar, ni la patrie. Des paroles captieuses ne font aucun effet sur nous, et nous n’avons pas peur, venez combattre ! la victoire dépend de Dieu. » Ils se hâtèrent d’achever le mur de bois qui servait à couvrir la brèche, et creusèrent entre ces deux lignes un fossé profond garni d’une palissade en pieux pointus. On chantait des prières au milieu des fortifications, sous les boulets des batteries polonaises : les assiégés attendaient tranquillement un nouvel assaut, et, dans le cours d’un mois et demi, ils repoussèrent toutes les attaques avec une rare intrépidité. Leur courage, leurs espérances allaient toujours croissant, tandis que l’armée ennemie s’affaiblissait tous les jours. Exposés aux intempéries de l’air, souffrant de la faim, les soldats commençaient à murmurer, et, n’osant pas accuser le roi, ils s’en prenaient au principal voïé-