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1581. tours, occupées par les Polonais et les Hongrois, une grêle de balles tombait sur les Russes affaiblis et serrés. Le désordre allait se mettre dans leurs rangs lorsque le prince Schouïsky, baigné de sang, dont le cheval était blessé, mit pied à terre, arrête les fuyards et leur montre l’image de Notre-Dame ainsi que les reliques de Saint-Vsévolod Gabriel, apportées processionnellement par les prêtres, car à la nouvelle que déjà l’ennemi était sur les tours et les murailles, ils étaient sortis de la cathédrale et s’avançaient vers le fort de la mêlée, pour y trouver la mort ou sauver la ville par une céleste inspiration de courage aux assiégés. À leur aspect les Russes s’arrêtent ; ils se sentent animés d’une nouvelle ardeur, et, tout à coup, dans un moment décisif on entend une violente explosion : la tour de Svinsk qu’ils avaient minée, saute en l’air avec les soldats et les étendards du roi…. Dans peu d’instans le fossé est rempli de cadavres allemands, polonais et hongrois, tandis que des quartiers de la ville, éloignés et exempts de dangers, des troupes fraîches arrivent au secours de leurs compatriotes : aussitôt ils se réunissent tous pour former d’impénétrables colonnes, et se portent en avant au pas de charge, en criant : « N’abandonnons pas nos reliques