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1581. le long de la rivière de Vélika. Les Russes essaient aussitôt une sortie vigoureuse, dans laquelle on fait quelques prisonniers qui leur donnent des renseignemens sur la force de l’ennemi. L’armée de Batory, composée de Polonais, de Lithuaniens, de Mazoviens, de Hongrois, d’Allemands, de Lubeckois, d’Autrichiens, de Prussiens, de Courlandais, de Danois et d’Écossais, s’élevait à peu près à cent mille hommes, cavalerie et infanterie, parfaitement disciplinés et équipés d’une manière si brillante, qu’à la vue de ces belles troupes, l’ambassadeur ottoman, arrivé au camp du roi, s’écria avec enthousiasme : « Si le Sultan et Batory voulaient se liguer pour agir de concert, ils pourraient conquérir l’Univers ! »

Mais cette armée formidable fut effrayée des difficultés du siége, à l’aspect des fortifications presque imprenables d’une ville étendue, abondamment fournie de munitions de guerre et de bouche, défendue enfin par des troupes qui, dès la première affaire, avaient déployé un courage peu commun. Un de nos transfuges, David Belzky, avait conseillé au roi de ne pas marcher contre Novgorod ni Pskof, villes entourées de rivières, de marais, de bonnes murailles en pierre, fortes surtout par l’esprit national de leurs habi-