Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1580. tomba enfin entre les mains des Suédois qui n’y trouvèrent que quelques malheureux soldats semblables à des ombres. Tout fut passé au fil de l’épée, excepté un jeune officier, le prince Michel Sitzky. Dans le courant de l’hiver, l’ennemi fit capituler Vesemberg, où mille strélitz étaient renfermés ; ils quittèrent la place, emportant avec eux des images de bois.

La Russie offrait l’apparence de la faiblesse ; elle paraissait désarmée, tandis qu’elle possédait au moins quatre-vingts places fortes remplies de soldats et de munitions, outre de nombreuses armées qui brûlaient de combattre. Spectacle étonnant, digne de fixer l’attention de la postérité la plus reculée, et fait pour prouver, d’une manière frappante, à quel point la tyrannie peut avilir l’âme, aveugler l’esprit par les fantômes de la terreur, annihiler enfin les forces du souverain et de l’État. Les Russes ne trahissaient pas la patrie ; ils étaient victimes de la lâcheté du tzar. Caché dans la Slobode Alexandrovsky, il écrivit aux voïévodes, campés à Rjef et Viazma, notamment à Siméon, grand duc de Tver, ainsi qu’au prince Jean Mtislavsky : « Veillez aux intérêts de votre monarque et de votre pays, selon que le Très-Haut vous inspirera ou que vous le jugerez convenable pour