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1580. avaient besoin de repos. Ayant réparti son armée dans des contrées fertiles, aux environs des frontières, il se hâta de se rendre à Vilna et ensuite à la diète de Varsovie, pour préparer de nouveaux moyens de triomphes, pour jouir de sa gloire, éprouver et confondre l’ingratitude des hommes, pour renverser enfin tous les obstacles qui pourraient s’opposer à ses projets. Il fut accueilli à Vilna par les acclamations unanimes des citoyens et de la noblesse ; mais à Varsovie il trouva quelques physionomies sombres, quelques murmures de mécontentement parmi ceux qui aimaient leur pouvoir, légal ou illégal, plus que la patrie, dont l’affaiblissement avait pour cause leur licence effrénée, leur mollesse et leurs déprédations. On honore les grands hommes, et on les calomnie. Effrayés de la force de volonté, des mesures énergiques du roi, les grands se plaignaient de son autorité, de sa confiance dans les étrangers. Ils répandaient le bruit que, couvrant ses desseins d’une guerre faite pour l’apparence, il surchargeait le pays d’onéreux impôts, pour l’abandonner ensuite et fuir secrètement en Transylvanie avec toutes les richesses du trésor royal ; insinuations perfides dont le résultat pouvait être le refus des moyens propres à soutenir la guerre. Batory arrive ; il