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1580. trouvait dans un pressant danger par le nombre immense des ennemis dont la Russie était menacée ; d’un côté les infidèles, c’est-à-dire les Turcs, le khan et les Nogaïs ; de l’autre, la Lithuanie, la Pologne, les Hongrois, les Allemands, les Suédois qui, semblables à des bêtes féroces, ouvraient la gueule pour la dévorer. « Moi-même, disait-il, mon fils, mes ministres, mes voïévodes, nous veillons nuit et jour au salut de l’État : le clergé ne doit-il pas aussi contribuer à ce grand œuvre ? Nous ne manquons pas de troupes, mais d’argent, et l’armée, appauvrie, souffre des privations de toute espèce, tandis que les couvens s’enrichissent…. » Le monarque demandait donc un sacrifice au clergé, en ajoutant que le Très-Haut bénirait le zèle de ses membres pour le bien-être de la patrie. La proposition était délicate et hardie, car l’illustre aïeul de Jean, ayant voulu toucher aux biens du clergé, avait trouvé une si vigoureuse opposition de la part des prélats, qu’il s’était vu forcé d’abandonner ce projet. Les prétentions de son petit-fils étant plus modérées, le concile décréta, par un acte authentique, que les terres ou domaines des princes, légués à une époque quelconque, aux métropolitains, évêques, églises et monas-