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1579. qu’il appelait, avec sentiment, sa patrie bien aimée. L’obscurité couvrit d’un voile épais les derniers jours et la tombe de cet homme qui s’était signalé par de glorieux faits d’armes, par son esprit et son éloquence, enfin par le honteux éclat du crime.

Jean ne fit aucune réponse à Kourbsky : que lui aurait-il dit, au moment où les circonstances et leur effet moral sur son âme lui ôtaient les moyens de joindre la présomption aux menaces ? Il chargea André Tchelkalof, secrétaire d’État à Moscou, d’annoncer aux habitans de cette ville, les succès de l’ennemi, avec calme et indifférence. Ce fonctionnaire habile, ayant fait aussitôt rassembler les citoyens, leur dit : « Bons Moscovites, apprenez que le roi a pris Polotsk et brûlé Sokol : cette nouvelle affligeante exige de nous de la fermeté. Rien n’est constant dans ce monde et la fortune trahit quelquefois les plus grands monarques. Si Polotsk est entre les mains d’Étienne, toute la Livonie est en notre puissance. Quelques Russes ont péri ; mais la perte des Lithuaniens est bien plus considérable. Consolons-nous de ce revers peu inquiétant par le souvenir des nombreuses victoires et conquêtes de notre tzar orthodoxe. » Dès que Jean fut assuré que la