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1579. pas le jugement de Dieu s’accomplir sur le tyran ? Quel spectacle !…. La famine, la peste, le fer des barbares, les cendres de la capitale, et, ce qui est plus affreux encore, l’opprobre, l’opprobre d’un monarque, jadis si illustre ! Était-ce là ce que nous désirions tous ? ce que nous avions préparé au prix de notre sang, et par d’éminens services rendus à notre antique patrie ?…. » Après l’éloge des vertus guerrières d’Étienne et une prophétie sur la fin prochaine de la maison entière du tzar, cette lettre était terminée par ces mots : « Je me tais et je pleure !…. » Guidé par sa haine contre Jean, Kourbsky pouvait trouver des justifications dans son esprit, mais non pas échapper aux remords qui le tourmentèrent jusqu’à la fin de ses jours. Il possédait plusieurs villes ou domaines en Volhynie ; toutefois ni les richesses, ni les grandeurs ne le rendaient heureux. Ayant épousé, sans l’aimer, la princesse Doubrovitzky, il chercha des consolations dans l’amitié, dans les charmes de l’étude ; il connaissait la langue latine et traduisit en Russe les œuvres de Cicéron. Nous lui devons aussi la description du fameux siége de Kazan, de la guerre de Livonie et de la tyrannie de Jean, auquel il survécut. Dans sa vieillesse, il regrettait encore la Russie,