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1579. gloire, d’escalader la hauteur sur laquelle était située la forteresse, et de mettre le feu aux fortifications. Alors, comme pour seconder ses desseins et favoriser une entreprise si audacieuse, le soleil ayant reparu et desséché la terre, les assaillans s’élancent vers les murs, la torche à la main.… Plusieurs d’entre eux trouvent la mort dans cette attaque ; mais quelques-uns atteignent leur but, et cinq minutes après la citadelle est en feu. Aussitôt on entend retentir des cris de victoire. Sans écouter ni leurs chefs, ni le roi lui-même, les Hongrois se précipitent à l’assaut, et pénètrent dans la forteresse, à travers une grêle de boulets, de balles, de tisons embrasés, malgré les flammes qui s’échappaient des ruines. Cependant les Russes se battaient en désespérés. Ils repoussent l’ennemi qui, bientôt, renforcé par des Allemands et des Polonais, renouvelle l’attaque et se voit obligé de céder encore à l’acharnement des assiégés. Le roi lui-même, oubliant sa sûreté personnelle, se jeta dans une sanglante mêlée, pour rétablir l’ordre et rallier les fuyards. Le moment était décisif ! Si Schein, Lykof et Paletzky avaient attaqué alors l’armée polonaise, ils pouvaient sauver et la forteresse et l’honneur de la Russie. Ils apercevaient l’incendie ; ils étaient même à portée de voir le combat et