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venable 1579. de s’emparer de Polostsk, clef de la Livonie et de la Lithuanie même, conquête qui ouvrirait à l’armée polonaise le chemin de la Russie, établirait une communication assurée avec Riga, au moyen de la Dvina, et lui procurerait des avantages réels pour la guerre et pour le commerce. « Il faut, disait-il, conquérir la Livonie hors de ses frontières. À la vérité, la ville de Polotsk est bien fortifiée ; il n’en sera que plus glorieux de la prendre, et le succès de cette entreprise intimidera l’ennemi en stimulant le courage des Polonais. » Ces paroles étaient prononcées par un grand homme, elles furent écoutées. L’armée d’Étienne, semblable à celle d’Annibal, était composée d’hommes étrangers les uns aux autres par le langage, le costume, la religion ; d’Allemands, de Hongrois, de Polonais ; d’anciens Slaves de Gallicie, de Volhynie ou des bords du Dniéper ; de Krivitches et de Lithuaniens. Batory sut inspirer à cette multitude des sentimens unanimes et une vive émulation. En quittant Svir pour ouvrir la campagne, il publia un manifeste adressé au peuple russe : « Je tire mon épée, disait-il, contre le tzar de Moscovie, mais non pas contre les paisibles habitans de ce pays : je les épargnerai, j’userai de clémence envers eux, en toute oc-