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1578. facilité une place plus importante encore, c’est-à-dire Venden, ville renommée par la mort courageuse des troupes de Magnus, et la terrible vengeance du tzar irrité. Mettant à profit la coupable insouciance des voïévodes russes, ils firent fabriquer, en secret, de fausses clefs pour ouvrir la porte de la ville où, une fois introduits, ils égorgèrent les russes endormis. À la même époque Jean vit s’évanouir l’ombre du prétendu royaume de Livonie, œuvre de sa politique artificieuse, par la fuite du fantôme de roi qu’il avait créé pour ce pays ; et la trahison, depuis long-temps tramée, se trouvait enfin accomplie. Victime de l’ambition et de la crainte, Magnus qui venait de prêter un nouveau serment de fidélité au tzar, retourna une autre fois encore à Batory, avec lequel il conclut un traité, ensuite il partit secrètement d’Oberpalen pour se rendre à Pilten, ville de Courlande, accompagné de sa jeune épouse ; cette princesse ne put abandonner sa patrie sans éprouver un vif chagrin, bien qu’il fût impossible d’aimer un oncle meurtrier de ses infortunés parens.

Il parait probable que Jean ne fut pas très-étonné de la fuite de Magnus, qu’il avait employé un instant comme instrument de sa politique. Toutefois il feignit d’en être surpris,