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1578. en qualité d’ambassadeur, pour le complimenter et lui porter des présens d’une telle richesse que, jusqu’alors, la Tauride n’en avait jamais vu de semblables. Les instructions de cet envoyé lui prescrivaient la plus extrême condescendance pour le khan, et le chargeaient, par exemple, « de promettre des présens annuels en cas d’alliance, sans, néanmoins, en faire mention dans l’acte du traité ; ensuite d’exiger de Mahmet-Ghireï, mais sans opiniâtreté, qu’il donnât au souverain de Moscou le titre de tzar ; en général, de se conduire avec douceur, d’éviter toute espèce de paroles désobligeantes, et de répondre sans colère, si le khan ou les seigneurs tatars venaient à rappeler les temps de Kalita et d’Usbeck, Je n’ai aucune connaissance des temps passés ; c’est le bon Dieu et vous, seigneurs, qui les connaissez ! » C’est ainsi que Jean cherchait à gagner l’amitié du nouveau khan, afin de réprimer Étienne par la crainte des invasions tatares, si fatales à la Lithuanie ; mais cette politique qui avait eu d’heureux résultats sous le règne de Jean III, ne réussit ni à son fils ni à son petit-fils. Pour prix de son amitié, Mahmet-Ghireï demandait la cession d’Astrakhan, offrant en échange de donner la Lithuanie et la Pologne à la Russie ; il exigeait,