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1577. tyran ! Ce grand homme, chargé de fers, fut amené devant le tzar. À l’aspect du délateur, à la lecture de l’accusation, Vorotinsky dit avec douceur : « Seigneur ! mon aïeul et mon père m’ont appris à servir avec zèle Dieu et mon souverain ; à recourir, dans mes chagrins, aux autels du Très-Haut et non pas aux sorcières. Ce calomniateur est mon esclave ; il est fugitif et convaincu de vol. Pourrais-tu ajouter foi au témoignage d’un scélérat ? » Jean voulait y croire, car, jusque-là, c’était contre sa volonté qu’il avait épargné les jours du dernier des fidèles amis d’Adaschef, et comme pour conserver au moins un des voïévodes illustrés par leurs victoires, au cas d’un péril extraordinaire. Mais les dangers étaient passés, et le héros sexagénaire, couché, lié sur une bûche, fut placé entre deux brâsiers ardens !…… Jean lui-même se servait de son bâton ensanglanté pour approcher des tisons enflammés du corps de ce martyre : brûlé, respirant à peine, on voulut le transporter à Biélo-Ozéro, il expira en route, et ses restes reposent dans le couvent de Saint-Cyrille. « Homme illustre ! écrit Kourbsky, homme extraordinaire par la force de ton âme et de ton esprit, que ta mémoire soit à jamais sacrée dans ce monde ! Puisse-t-