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1577. enfermé dans une maison inhabitée et délabrée où il passa plusieurs jours sur la paille. Portons maintenant nos regards sur ce qui se passait alors à Venden.

Les Russes, entrés dans la ville sans résistance, avaient reçu des voïévodes Gallitzin et Soltikof la défense expresse d’en inquiéter les habitans. On avait placé de nombreuses sentinelles, préparé des maisons pour le souverain et sa cour ; en un mot, tout présentait l’apparence de la tranquillité : mais les Allemands de Magnus, redoutant la cruauté du tzar, s’étaient renfermés dans le château avec leurs femmes, leurs enfans, leurs biens, et refusaient obstinément d’en ouvrir les portes. Les Russes ayant essayé de l’enlever de vive force furent reçus par un feu de mousqueterie qui tua plusieurs enfans-boyards et blessa le voïévode Soltikof. Ces Allemands étaient sourds à la voix de Magnus, qui leur criait lui-même de se rendre ; alors le tzar furieux donna sur-le-champ l’ordre d’empaler le prisonnier George Vilke, de détruire le château à coups de canon et de passer toute la garnison au fil de l’épée. Pendant trois jours entiers l’artillerie foudroya les murailles : elles s’écroulaient et leur destruction enlevait aux assiégés tout espoir de salut. Dans cette terrible