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1560 — 1561. chère patrie va périr ! Non, ne croyez point que vous nous ayez vaincus par vos armes : c’est Dieu qui se sert de vous pour punir des coupables. À ces mots, il essuya les larmes qui coulaient de ses yeux, et ajouta avec calme : Mais je remercie le Tout-Puissant jusque dans ma captivité ; il est doux de souffrir pour sa patrie et je ne crains point la mort ! Les voïévodes moscovites l’écoutèrent avec autant d’intérêt que d’émotion, et l’ayant fait partir pour Moscou avec les autres prisonniers, ils écrivirent au tzar dans les termes les plus pressans, pour l’engager à user de clémence envers ce héros vertueux, honoré de l’estime des Livoniens, capable, par son influence, de rendre d’importans services à la Russie, et de porter le grand-maître à la soumission. Mais Jean, devenu cruel, le fit amener dans son palais et lui parla avec l’accent de la colère. Le généreux captif répondit que la Livonie ayant l’esclavage en horreur, combattait pour l’honneur et pour la liberté ; que les Russes faisaient la guerre comme des barbares altérés de sang. » Jean lui fit trancher la tête !…. pour un mot injurieux, rapporte l’annaliste, et pour la perfide violation de la trève. Cependant, ne pouvant refuser une admiration invo-