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1577. De son côté, Magnus prenait des villes sans coup férir. Voulez-vous, écrivait-il aux Livoniens, sauver votre existence, votre liberté, vos biens ? soumettez-vous à moi. Autrement vous verrez les Moscovites apporter chez vous la mort et l’esclavage. Tous s’empressèrent de le reconnaître pour roi, sous les conditions qu’exigeait leur sûreté, et dans l’espoir d’échapper par ce moyen au courroux de Jean. En conséquence Magnus occupa, à l’insu du tzar, les villes de Kokenhausen, Ascheraden, Lehnvard, Ronnebourg et plusieurs autres forteresses ; enfin Venden et Volmar où les citoyens lui livrèrent le prince Poloubensky, voïévode de Batory. Aussitôt, avec un orgueil inconsidéré, il instruisit Jean de ces succès, exigeant que les Russes n’inquiétassent plus les Livoniens devenus sujets fidèles de leur roi légitime : au nombre des villes soumises à sa domination, il allait jusqu’à nommer Dorpat. Il est facile d’imaginer, à cette occasion, l’extrême surprise de Jean ! Nous avons vu qu’en choisissant Magnus pour instrument de sa politique, il ne s’était point aveuglé jusqu’à lui accorder une confiance illimitée. Le souvenir de la trahison de Taube et de Kruse était encore présent à sa pensée ; il savait que les liens de parenté sont une faible garantie du dévouement d’un ambitieux, et