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1573—1577. espèce de dissensions ; elle imposa silence aux mécontens, et d’une voix unanime on s’écria en Pologne, comme en Lithuanie, vive le roi Batory !

La contenance de Jean offrait les dehors de l’indifférence et de la tranquillité. Ayant appris que des ambassadeurs d’Étienne étaient en route pour se rendre auprès de lui, il ordonna de les recevoir avec les honneurs dûs à leur rang. Curieux de connaître l’extraction de Batory et quel titre lui accordait, dans leurs dépêches, le Sultan, l’Empereur et les autres souverains, les boyards adressèrent à ce sujet diverses questions aux ambassadeurs, dont la réponse se borna à ces mots : « Le tzar verra le titre d’Étienne dans la lettre que nous lui apportons. » Les envoyés polonais furent présentés à Jean ; il les reçut, assis sur son trône, la couronne en tête, ayant à ses côtés l’aîné des tzarévitchs. Les boyards étaient placés sur des banquettes dans la salle de réception, les gentilshommes et les secrétaires dans le vestibule : les enfans boyards se tenaient debout, sur l’escalier et dans les corridors qui conduisaient aux appartemens du tzar, donnant sur la Moskva : le quai, jusqu’à l’église de l’Annonciation, était couvert d’une foule de marchands, de fonctionnaires publics, tous vêtus de drap d’or, et on apercevait, sur