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1560 — 1561. arrêtent les Allemands, ils les attaquent à leur tour, les pressent et les passent au fil de l’épée, à l’exception du commandant en chef, de onze commandeurs et cent vingt chevaliers, faits prisonniers. La perte de tant d’officiers, et surtout celle du maréchal, qu’on appelait le dernier défenseur zélé, le dernier espoir de la Livonie, fut le plus grand malheur pour l’Ordre. Grandeur d’âme de Bell. Présenté aux voïévodes moscovites, ce grand homme ne trahit pas la fermeté de son âme ; il ne chercha point à cacher sa douleur, mais regardant les généraux russes avec une imposante fierté, il répondit à tout avec franchise, calme et hardiesse. Koursbsky, qui fait l’éloge de son caractère, de ses talens et de son éloquence, nous raconte le trait suivant :

« Tachant d’adoucir par nos égards le sort cruel de cet homme extraordinaire, nous causions à table avec lui sur l’histoire de l’Ordre de Livonie. Lorsque, disait-il, le zèle pour la vraie religion, la vertu, la piété habitaient dans nos cœurs, le Très-Haut nous protégeait ouvertement ; alors, nous ne craignions ni les Russes, ni les princes Lithuaniens ; vous avez entendu parler de cette célèbre et mémorable bataille contre le terrible Vitovte, dans laquelle périrent six maîtres de l’Ordre,