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1573—1577. par le tzar, ne menaçait-elle pas la Moscovie du voisinage dangereux de l’Autriche ? Cette considération avait d’autant plus de poids, que l’envoyé de l’Empereur, en intercédant pour Ernest, promettait solennellement aux seigneurs polonais une part active de la part de son maître dans leurs guerres avec la Russie. N’était-il pas plus à propos que Jean favorisât les prétentions de la France qui, par son éloignement, ne pouvait, en aucune façon, être à craindre pour lui ? Nous ne pouvons néanmoins condamner entièrement sa politique : connaissant les rapports d’amitié qui existaient entre la cour de France et la Porte ottomane, il pensait, sans doute, que lorsqu’Henri d’Anjou aurait à sa disposition les forces de la Turquie, il les dirigerait contre la Russie ; et, sans parler même de la religion de Mahomet, les Sultans lui paraissaient plus redoutables que les Empereurs, d’après les nombreuses victoires des armées turques. En dépit du tzar et de Maximilien, la diète de Varsovie élut Henri d’Anjou, séduite par les intrigues de Montluc, ambassadeur de France, qui, dans un discours pompeux, avait prodigué des éloges effrontés aux grands de Pologne et de Lithuanie. Il les comparait aux anciens Romains, les appelait la terreur des tyrans, les citait comme des