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1572. cruautés, cherchant, comme à l’ordinaire, à les excuser par la perfidie des boyards. Son discours, remarquable par une feinte naïveté, par une condescendance, une modération bien éloignées de son naturel, est un des traits caractéristiques de l’esprit de Jean. « Théodore, dit-il à l’ambassadeur, tu m’as annoncé, au nom des grands de Pologne, la mort de mon frère Sigismond Auguste. J’avais déjà appris cette nouvelle, mais sans y ajouter foi ; car, nous autres monarques chrétiens, on nous fait souvent passer pour morts, tandis que par la grâce de Dieu nous vivons et prospérons maintenant ; j’y donne confiance, et m’en afflige d’autant plus qu’il ne reste de Sigismond, ni fils, ni frère pour avoir soin du salut de son âme et veiller à la conservation de sa mémoire. Il n’a laissé que deux sœurs dont l’une est mariée ; mais comment se conduit-elle en Suède ? Malheureusement cela est connu de tout le monde ! L’autre vierge, sans défenseurs, sans protecteur, n’a que Dieu pour appui ! Dans ce moment vos grands sont sans chef ; car, bien que vous ayez beaucoup de têtes, vous n’en avez pas de celles supérieures capables de réunir toutes les pensées, toutes les conceptions élevées d’un homme d’État,