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1572. tranquillité de la Russie. En effet, une famine désastreuse désolait la Tauride : les cosaques du Don et du Dniéper y faisaient de continuelles invasions. Les premiers s’étaient même emparés d’Azof, et, bien qu’ils n’eussent pu s’y maintenir, ils n’en avaient pas moins étonné Constantinople par leur audace. Le khan, livré à des inquiétudes sans cesse renouvelées, redoutait à la fois le courroux du Sultan, une révolte intestine, et l’accroissement de puissance que la Russie devait obtenir d’un projet dont il entendait parler, c’est-à-dire celui formé par les grands de Pologne de placer Jean sur le trône de leur pays.

Relations avec la Pologne. Les circonstances, garantissant la sûreté des frontières sud-est de l’Empire, laissaient au tzar entière faculté de s’occuper d’autres affaires importantes de politique extérieure. Les grands de Pologne et ceux de Lithuanie le suppliaient d’avoir pitié de leur patrie en deuil et de ne troubler, par aucun acte d’hostilité, ni le royaume, ni même la Livonie, au moment où une paix éternelle était sur le point de se conclure. Le tzar fit appeler en sa présence Voropaï, ambassadeur de Pologne, et lui manifesta ouvertement le désir d’être nommé successeur de Sigismond : puis faisant parade de sa puissance, de ses richesses, il s’accusa franchement de ses