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dant 1572. ma captivité, j’ai fait périr les traîtres russes qui ont voulu te perdre ; ils ont été secrètement immolés de ma main, et il n’en reste plus dans ces lieux un seul au nombre des vivans. Je plaisantais à la table de mon souverain pour l’égayer ; aujourd’hui je meurs pour Dieu et pour lui. C’est par une grâce particulière du Très-Haut que je respire encore. C’est l’ardeur de mon zèle pour ton service qui me soutient, afin que je puisse retourner en Russie pour recommencer à divertir mon prince. Mon corps est en Crimée, mais mon âme est avec Dieu et ta majesté. Je ne crains pas la mort, je ne crains que ta disgrâce ! » C’étaient des misérables de cette espèce qu’il fallait à Jean pour son amusement et, à ce qu’il croyait, pour sa sécurité. Il racheta Griaznoï au moyen d’une rançon de 2,000 roubles, et Divy mourut prisonnier à Novgorod. Cet événement, causa de vifs regrets au tzar, car, pour obtenir la liberté de cet illustre captif, le khan était prêt à sanctionner un traité d’alliance avec la Russie, abandonnant ses prétentions sur Astrakhan. Toutefois on expédiait de Moscou en Crimée des lettres bienveillantes, moins relatives à la paix que pour obtenir sur ce pays des renseignemens qui contribuèrent fortement à la